29 janv. 2013

Philo ludique : Lueur au bout du tunnel numérique




Avant de commenter le monde vidéoludique au sein de ce blogue, je jugeais nécessaire d'étaler ma vision et ma position actuelle face à l'univers des jeux vidéos en ce moment, afin que vous sachiez avec qui que vous aurez à faire. Au plaisir.

P-L 

Nous sommes de cette génération (20 @ 30 ans) qui a côtoyé les jeux vidéos dès notre enfance. L'immersion qu'ils nous offraient nous rendait accros et l'univers fantastique dans lequel on se trouvait s'ancrait dans notre imaginaire et déteignait sur nos autres formes de jeux, et même au travers de nos rêves. Personne ne pouvant y échapper, l'enfance laisse place à l'âge adulte; nos goûts se définissent, notre esprit analytique se développe et le temps semble fuir beaucoup plus rapidement qu'avant. Notre rapport au jeu vidéo aura changé et, de façon contradictoire, l'industrie du jeu vidéo, elle aussi, a changé.

L'ère pionnière des jeux vidéo est terminée et elle a trouvé bon port (économique). Ce qui était, au départ, un passe-temps au même titre que les casse-têtes et le Ping-Pong (ouh lala!), est devenu une activité quotidienne pour une majorité d'individus et son développement s’est consolidé au sein de l'économie du divertissement. Pour preuve, l'industrie du jeu vidéo (sauf quelques exceptions) était l'une des rares industries qui, au travers des déboires économiques de la dernière décennie, aura été en expansion. Cette prestance et cette réussite n'auront pas que des bons côtés au sein du milieu vidéoludique. Les jeux, au niveau du développement, deviennent de plus en plus ambitieux. Graphiques dernier cri, plus de possibilités au niveau des actions ou des armes, traitement sonore et vocal digne d'un film hollywoodien; tous ces critères devenus « essentiels » pour le consommateur et, donc, pour les grandes boites de production, exigent d'énormes coûts et, de ce fait, une certaine garantie de rentabilité. Nous sommes donc au sein d'un milieu qui se contredit; les dernières percées technologiques servent des produits qui sortent à peine des sentiers battus. Les Xièmes suites de titres sortent au fils des ans, ne rajoutant que plus d'options et une nouvelle « histoire », mais sans changer le gameplay, ni l'univers du jeu, et le tout vendu à un prix de fou. 

Face à ses grands titres, j'ai toujours une impression de déjà vu. Le been there, done that n'approvisionne plus mon appétit pour un jeu qui se devrait être immersif, original et délectable au niveau du gameplay. Serait-ce de la nostalgie? Peut-être. Il s'agirait surtout d'une vision (possiblement) utopique du jeu vidéo. Un médium qui, contrairement au autres grands médiums, possède l'option de l'interactivité, de l'échange avec son public cible. Un potentiel conceptuel que je considère comme immense et certainement encore peu exploré (le jeu vidéo, contrairement au cinéma, la littérature ou la musique, porte encore des couches). Heureusement pour nous, l'avènement de l'internet nous aura apporté la démocratisation de bien des choses, et particulièrement de celle des jeux vidéos. Sa fabrication aura radicalement changé. Au lieu d'une équipe de 100 personnes qui travaillent d'arrache-pied pendant 6 mois/1 an pour concevoir un jeu, les nouvelles conceptions de jeux vidéo peuvent se réaliser avec quelques personnes seulement (une dizaine mettons) qui prennent plusieurs années, et ce, parfois, au travers d'un « vrai » travail, pour peaufiner un jeu dont le concept est venu d'eux même. Au lieu de devoir acheter une console et/ou une copie physique dans un magasin à des prix exorbitants, on peut se procurer des titres directement sur internet, que ce soit chez les développeurs ou via une plateforme (Steam entre autres), pour un prix qui est extrêmement avantageux pour le consommateur, et qui offre une meilleure « cut » au développeur. Résultat : des jeux qui peuvent essayer de sortir de ses fameux sentiers et d'explorer le médium qui s'offre à eux. Ces indie games, à la fois old school et post-moderne, miseront sur un univers imaginaire riche et particulier, ou sur un gameplay original et révolutionnaire, ou sur une expérience sensorielle au niveau visuel et auditif (ou toutes ces réponses) afin de se réapproprier l'identité ludique des jeux de l'ère pionnière. C'est donc avec joie que je peux vous affirmer que le plaisir renouvelé que j'éprouve face aux jeux vidéos est principalement dû à sa démocratisation qui aura su consolider l'émerveillement du jeune joueur que j'étais avec le sens analytique et la quête de « profondeur » de l'homme que je suis devenu.

1 commentaire:

  1. Je trouve çà assez intéressant, parce que j'ai pensé un peu au même sujet la semaine passée, quand j'ai vu les jeux Crimson Shroud et Liberation Maiden sur le site de Level 5 (un studio appartenant à Nintendo, mieux connu pour la série de jeux Professor Layton). Ce sont des jeux à petit budget et petit prix, mais conçus par des grands noms de l'industrie. On dirait qu'il n'y a pas que les "indies" qui veulent "se réapproprier l'identité ludique des jeux de l'ère pionnière", comme tu dis. Et je trouve cela encourageant.

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